Suite à la défaite des Dragonnes hier soir à Brest, le Président Thierry Weizman réagit à ce résultat et évoque le match de dimanche contre Vipers.

 

Président, quel est votre sentiment après ce premier revers de la saison ?

Deux sentiments complètement contradictoires m’animent. En premier lieu, je suis extrêmement affecté par cette défaite que je vis très mal, au même titre que Manu [Mayonnade]. C’est assez irrationnel, j’en conviens, mais cela provient de la culture du club, où chaque revers est vécu comme un drame par les joueuses, le staff et le dirigeant que je suis. Mais si l’on regarde de plus près, il y a matière à relativiser quelque peu. En termes comptable, cela ne change rien, nous sommes toujours leader et nous savons bien que ce n’est pas sur ce match que la saison va se jouer. Ensuite, nous n’avons pas à rougir de cette défaite car Brest a une excellente équipe. Elles sont invaincues en Ligue des Champions, comptent des individualités extraordinaires comme Ana Gros et un entraîneur, Laurent Bezeau, qui a su tirer les enseignements de la saison passée et a eu l’intelligence de rectifier ce qui n’allait pas. Brest était à domicile, porté par son public et avec un effectif au complet. De notre côté, il manquait trois joueuses : Xenia Smits et Laura Glauser, mais aussi Marion Maubon qui s’est fait mal au genou à l’entraînement* et n’était pas en capacité de disputer la rencontre. Enfin, cela peut sembler anecdotique, mais une fois encore avons eu la poisse pour voyager et les filles ont dû faire plusieurs heures de bus suite à la grève des trains. Ceci dit nous avons assisté à un très bon match de handball avec deux équipes de très haut niveau et je pense que le résultat se joue sur un coup de dés. J’ai presque l’impression que les Brestoises se sont plus engagées que nous physiquement sur la fin de la rencontre car elles avaient peut-être envie d’effacer les déconvenues précédentes.

 

Après Kristiansand, c’est la deuxième fois en peu de temps que les Dragonnes semblent avoir le match en main mais laissent finalement s’envoler une victoire qui leur tend les bras. Avez-vous une explication ?

Non, je n’ai pas d’explication particulière. Je pense néanmoins qu’avec les blessures, il nous manque peut-être quelques rotations pour tenir soixante minutes. Défensivement, beaucoup de réglages sont encore en train de s’effectuer. Certaines filles jouent à des postes auxquels elles ne sont pas habituées. Cela demande une concentration et une attention toute particulière de leur part pour s’adapter. Nous rencontrons des adversaires de plus en plus difficiles et je trouve que Manu [Mayonnade] est parvenu à trouver les clés, avec des séquences de défense qui sont extraordinaires à certains moments, mais qui sont très difficiles à maintenir pendant une heure, avec des joueuses qui font des efforts incroyables pour évoluer à des postes où elles n’ont pas d’expérience. C’est le cas d’Orlane Kanor par exemple, qui a été propulsée titulaire en l’absence de Xenia [Smits] et à qui on demande des choses qu’elle n’avait pas l’habitude de faire jusqu’à maintenant. Mais elle progresse de jour en jour et cette expérience va la rendre encore plus forte.

 

Ce constat vous fait-il regretter de ne pas avoir remplacé numériquement Xenia Smits ?

Nous ne pouvons pas nous amputer de Béatrice Edwige, l’un des meilleurs défenseurs du monde, et d’une joueuse de la qualité de Xenia Smits et penser que tout ira bien du jour au lendemain comme par magie. Nous avons cherché quelqu’un pour la remplacer, malheureusement nous n’avons pas trouvé. Evidemment nous le regrettons, mais nous travaillons seulement depuis trois mois et je trouve que cela ne fonctionne pas si mal. Par contre, il va falloir absolument trouver une gardienne pour palier l’absence de Laura Glauser.

 

Justement, à ce sujet, où en êtes-vous ?

Nous avions contacté quatre ou cinq joueuses intéressantes, mais pour le moment rien n’a abouti. Certaines pour des raisons financières, d’autres parce que leur club n’a pas voulu les libérer. Nous sommes donc toujours en recherche et c’est un dossier prioritaire pour nous.

 

Si l’on veut voir le bon côté des choses, nous pouvons souligner le bel engouement généré par cette rencontre : salle comble, audiences TV prometteuses… Le handball féminin semble attirer les foules.

Effectivement, dans ce sens, ce match est une réussite. Brest bénéficie de l’effet de nouveauté avec une équipe à l’histoire naissante et qui monte en puissance. Ils ont aussi les moyens de mettre en place un certain nombre de choses pour attirer le public. A Metz, nous avons un peu plus de mal à motiver notre public et quand on voit l’impact que les supporters ont eu hier soir c’est dommage.

 

Vous semblez envier l’ambiance de la Brest Arena. Avez-vous un message à faire passer aux supporters ?

Pour des raisons que nous pouvons comprendre, en termes de communication notamment, la Ville de Metz a souhaité que l’émission « Prodiges » se déroule aux Arènes jusqu’à samedi. Mais cela a des incidences graves pour le club. Nous avons dû jouer Nice à St Symphorien et nous affronterons Vipers dimanche soir à 20h45 alors que samedi soir ou dimanche 17h00 auraient certainement été plus propices. Mais même si nous ne sommes pas aidés par l’horaire, j’espère qu’il y aura un engouement important pour ce match qui est quand même la revanche du Final 4 entre deux des quatre meilleures équipes d’Europe. Les Brestois ont joué un rôle important dans la rencontre d’hier, en encourageant leur équipe avec beaucoup de ferveur durant l’intégralité du match, que leurs joueuses perdent ou qu’elles gagnent. J’appelle le public messin à venir nombreux dimanche contre Vipers et à porter l’équipe à bout de bras, car leur soutien permet aux joueuses de se transcender.

 

Un dernier mot en conclusion ?

Disons que globalement je suis satisfait de notre début de saison. Nous n’avons subi qu’une seule défaite et je constate que même diminués, nous faisons jeu égal avec Brest. Notre capitaine Grâce Zaadi est époustouflante match après match, comme l’a encore démontré cette passe à l’aveugle réalisée hier soir. En la voyant jouer j’ai l’impression qu’à Metz nous avons trouvé notre Michel Platini que j’adorais regarder. Enfin, comme j’aime mon équipe et son staff plus que tout, j’ai une pensée toute particulière pour eux après cette défaite. Je connais le travail qu’ils fournissent au quotidien et leur niveau d’investissement, alors forcément j’ai de la peine pour eux, mais je suis sûr que l’avenir nous apportera beaucoup de bonheur.

 

*Cela ne devrait pas l’empêcher de tenir sa place dimanche contre Vipers