Six mois à Metz Handball et déjà un titre de champion de France. Manu Mayonnade s’est intégré tellement vite au contexte mosellan qu’on en oublierait presque qu’il vit en ce moment sa première avant-saison en tant qu’entraîneur du club jaune et bleu. Pour un entretien en trois parties sur le site du club, le technicien girondin s’est longuement livré. Avec un aplomb certain, en prononçant les « s » à la fin des « moins », et surtout en toute sincérité. Première partie sur la préparation.
Manu, as-tu bien récupéré depuis la fin du championnat et le vingtième titre de Metz Handball ?
Oui ! Je suis parti deux semaines, décomposées entre la Corse et le bassin d’Arcachon. Les temps précédents j’étais toute l’année dans ce bassin et je le quittais pendant les vacances et désormais je fais l’inverse. Et du coup, je trouve cette région encore plus belle !
Et du coup ça fait quand même plaisir de revenir à Metz ?
Vraiment oui. J’étais content d’autant que je dois admettre que le hand me manque assez vite. On a toujours envie de penser que les vacances sont trop courtes mais, cette année comme à chaque reprise que j’ai pu faire, j’avais hâte de reprendre.
Mais est-ce que tu arrives à passer des vacances sans penser au hand ?
En fait je suis parti en vacances en Corse avec mon meilleur ami qui est aussi entraîneur de handball. Donc on a essayé d’en parler le moins possible afin de ne pas embêter tout le monde mais parfois on y revient tout de même… Surtout que cette année on a pas mal parlé du nouvel aménagement des règles. Donc non, en réalité je ne coupe jamais complètement.
Justement, ce changement de règles ?
C’est important. J’ai tendance à penser qu’il y a aura de moins en moins de situations offensives à inégalité numérique. Certains restaient parfois frileux de mettre la chasuble et là je pense que tout le monde fera à un moment sortir la gardienne. Tout le monde peut sortir donc ça élargit pas mal le choix. Ces nouvelles règles peuvent changer le rapport de force entre certaines équipes.
Penses-tu avoir appris des choses depuis ton arrivée à Metz ?
Je vais faire un discours de circonstances mais je suis persuadé d’apprendre tout le temps. Ce métier évolue constamment et forcément, tous les jours, j’ai le sentiment d’apprendre à Metz comme ailleurs. Cette activité se fonde beaucoup sur les rapports humains et on sait que ces rapports sont changeants et variables. La remise en question est fondamentale.
C’est ta première reprise en tant qu’entraîneur de Metz Handball. Est-ce que ça change quelque chose par rapport aux reprises que tu as pu mener en Gironde ?
Je me suis toujours appuyé sur le préparateur physique avec lequel je travaillais. On en discute histoire de trouver l’équilibre le plus juste possible. La seule chose qui impacte cette reprise et qui la rend différente pour moi c’est de la débuter à effectif réduit. Du coup, par rapport à ce que j’avais l’habitude de faire, j’ai instauré plus d’activités annexes. Par exemple de l’accrobranche, de la récupération à la Villa Pompeï… Il s’agit de ne pas saturer de travail les filles qui sont là tout en sachant que celles qui sont dans les sélections nationales travaillent également de leur côté. L’idée c’est d’essayer de ne pas tomber dans la routine et de savoir les chatouiller sur plein de petites choses.
Comment vas-tu regarder ces Jeux Olympiques ?
Avec l’envie qu’elles aillent au bout. Ça fera du bien au handball féminin français qui en a besoin en ce moment. Au pire, j’aimerais qu’elles récupèrent une médaille.
La question du supporter :
« On ne fait déjà pas de handball le matin. Ça peut être de la musculation, de la natation, de la course à pied… Et on joue le soir. Pour le moment c’est un bénévole du club qui doit remplacer nos gardiennes… En fait on reste pour l’instant sur des gammes et des choses assez simples. On verra tout ce qui est projet de jeu un peu plus tard même si l’idée reste de ne pas attendre les filles qui doivent arriver et de se montrer le plus prêt possible quand le groupe sera au complet. Ce n’est pas simple mais il faut accepter cette situation. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons potentiellement les meilleures et que, à certains moments, il faut prendre sur soi et notamment lors d’une année olympique. J’étais enchanté de savoir que Tamara Horacek partait aux Jeux Olympiques et si Laura Flippes avait pu faire partie de cette équipe de France, j’aurais été le plus heureux des entraîneurs ».
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : Pillaud