Une qualification pour le Top 12 européen et une troisième place après dix journées de championnat. Voilà pour l’état comptable de Jérémy Roussel et de ses joueuses après la première grosse phase de la saison. A la tête de Metz Handball depuis quelques mois seulement, l’entraîneur dresse son premier bilan. Dans un entretien en deux parties, il évoque sans langue de bois le championnat, l’Europe et ses premières impressions sur le monde du handball féminin.
Jérémy, ce premier bilan… Il est pas mal non ?
Un bilan raisonnablement satisfaisant. On s’était fixé deux objectifs intermédiaires qui étaient de figurer dans les trois premiers au classement du championnat et d’être au deuxième tour de Ligue des Champions. On est dans les clous. Et ça n’a pas été si simple que ça.
Justement parlons de ce qui n’a pas été simple… T’attendais-tu à voir ton équipe être autant malmenée sur certains matches de championnat ?
Je m’attendais de toute façon à un championnat difficile et très relevé donc de ce côté là je ne suis pas déçu. On n’a pas eu de résultats en dents de scie juste pour nous donner raison sur les à-priori que l’on avait sur cette compétition. Je suis pas surpris d’avoir laissé quelques points en route… peut-être juste d’en avoir laissé à Dijon même si cette équipe s’est révélée difficile à manœuvrer.
Metz compte trois défaites en championnat pour sept victoires. La faute à un calendrier surchargé ?
On a perdu trois matches et deux d’entre eux étaient programmés entre deux rencontres de Ligue des Champions. Je dirais qu’ils se sont présentés comme des mises à l’épreuve de notre faculté à rester concentrés tous les trois jours.
L’équipe vient de se qualifier après un match brillant à Baia Mare. Peut-on parler d’un exploit ?
Oui, exploit dans le sens où il fallait des ressources morales très grandes pour obtenir ce résultat. Il s’agissait d’un déplacement très long et du dernier match d’une série de onze en cinq semaines. Les filles étaient fatiguées, voire blessées, et elles ont joué dans une salle hostile à souhait. Moralement, il fallait être très costaud ! Dans le jeu en revanche, je ne veux pas parler d’exploit car on avait déjà montré qu’on était en mesure de proposer un jeu assez remarquable.
Mais Metz Handball peut-il proposer ce handball remarquable de façon plus constante ?
On est capable de faire des coups d’éclat mais ce serait bien de garder un niveau de jeu minimum en dessous duquel on ne se donne pas le droit de descendre.
On a l’impression que Metz s’est nourri d’une certaine injustice arbitrale face à Lublin et d’une défaite cruelle contre Larvik pour se réveiller en Roumanie…
Si on avait gagné contre Larvik je suis pas certain que nous aurions été faire un résultat à Baia Mare. Il faut être capable de se nourrir de ses frustrations et de ses erreurs pour réagir. Ce qui me gène un peu dans cette première phase c’est que, un des moyens de matérialiser l’engagement se distingue dans la défense. La défense est un bon marqueur de l’état d’esprit et de l’implication de l’équipe.
Et tu penses que, quelquefois, cette défense n’a pas montré une image satisfaisante ?
Et, même si je suis très content de cette première phase, je suis un peu agacé de ces sautes de comportement d’un match à l’autre. Lublin était censé être notre adversaire direct dans cette phase et on prend 65 buts en deux matches contre cette équipe ! Alors qu’on en prend 14 de moins face à Larvik pourtant plus redoutable. J’aimerais qu’on puisse se fixer des rendez-vous durant lesquels tout le monde soit présent.
Comment expliques-tu cette faillite défensive contre Lublin ?
Très franchement je me pose encore la question. L’équipe est capable de regarder n’importe qui dans les yeux mais aussi de se mettre à la portée de n’importe qui. Dans le professionnalisme, on ne peut accepter de ne pas être là sur certains matches.
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : Mario Zollo