Alors que l’équipe de France joue sa qualification pour l’Euro 2016 et que Metz Handball poursuit sa première partie de saison régulière, Nina Kanto continue de soigner son genou. La capitaine indomptable se livre sur son quotidien, ses doutes et la suite de sa carrière. Et attention, comme elle le dit si bien : « un lion ne meurt jamais, il dort ».
Nina, presque cinq semaines après ton dernier match, comment vas-tu ?
Selon les kinés ça avance bien. En ce moment je fais de quatre à cinq heures de rééducation par jour donc c’est assez intensif… Au départ je trouvais que ça n’avançait vraiment pas mais ces deux dernières semaines je me suis aperçue que ça allait de mieux en mieux. Normalement, je commence à courir ce mardi.
Tu t’es fixée une date pour ton retour ?
Je pense que ma première apparition sera pour le match contre Besançon (programmé le 24 octobre). J’espère en tout cas mais je ne peux pas cacher que j’ai une grosse angoisse de galérer durant toute la saison à cause de ce genou. Même si aucun signe négatif ne devrait me faire penser à ça, j’ai du mal à me défaire de ce sentiment.
Pour une fois, tu restes à Metz lors d’une trêve internationale…
C’est très étrange. Même si je sais que je suis blessée et que ma non-sélection est forcément liée à ça, il y a forcément une partie de moi qui le vit mal. Je suis une compétitrice, je ne supporte pas de louper les échéances importantes… Au tout début de ma blessure je savais que je serai absente sur cet événement là. Ça m’avait mis beaucoup de stress et de doutes. Maintenant, je me suis donnée comme objectif d’être de nouveau sélectionnée avant le Mondial et, surtout, ma première préoccupation est de bien me soigner.
Pour suivre les matches de Metz Handball on t’a vu prendre le micro du speaker… Tu nous parles de cette reconversion ?
Le match contre Issy Paris à Nancy, je savais que c’était une rencontre très importante et que les filles auraient besoin d’un public qui pousse. Il y avait des rumeurs comme quoi il n’y aurait pas beaucoup de monde et tout le contexte semblait dire que nous serions en difficulté. C’est trop dure de te sentir impuissante que tu es assise en tribune ! Donc c’est venu spontanément, j’ai eu envie de bouger les gens car je sens que ce public ne demande que ça… Il fallait bien que quelqu’un décoince la situation ! Et puis franchement, ça m’a aidé à mieux vivre le match.
Franchement, ça fait du bien de souffler non ?
A un moment donné je paie ma sur-motivation, le fait d’être sur tous les fronts et de vouloir à tout prix jouer même quand j’ai mal quelque part ou que je suis fatiguée. Je pense que mon corps m’a dit « stop ». Peut-être à la pire des saisons car je pensais que c’était la dernière…
Est-ce dire que tu penses que ta carrière pourrait se prolonger après les Jeux Olympiques ?
Cette blessure va peut-être m’obliger à prolonger. Je me pose la question. En tout cas je dois apprendre à prendre soin de mon corps parce que Rio c’est la consécration de ma fin de carrière et si je veux y aller je dois arrêter de tirer sur la corde. Je me suis remise en question dans le sens où je dois aménager plus mon temps et souffler un peu plus. Je dois accepter de louper quelques événements pour être mieux sur les plus importants. Il va falloir que je prenne les choses avec plus de hauteurs mais sans jamais perdre ma rage de vaincre.
Quelques mots sur les récents succès du club ?
Je pense que la dynamique a toujours été positive et qu’il fallait simplement laisser le temps à l’équipe de se roder. Depuis le tournoi de Wittlich je sens que cette équipe a quelque chose. Maintenant, on sait qu’à Metz le public est exigeant et parfois impatient. Il doit comprendre que le niveau français est très relevé et qu’il y aura encore un tas de matches comme celui face à Nice. C’est le nouveau visage du championnat et l’essentiel c’est d’avoir remporté ce match. L’année passée, nous l’aurions peut-être perdu.
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : WeeMove