Nina Kanto disputera son dernier match professionnel avec le maillot de Metz Handball ce samedi. La capitaine du club mosellan pourrait partir sur un onzième titre de championne de France et ainsi boucler avec brio une carrière en jaune et bleu époustouflante.
Ce maillot de Metz Handball, quelques-uns de ses formateurs parisiens lui déconseillaient de le porter. Trop prestigieux, trop haut, trop ambitieux. Nous sommes avant l’été 2001 et la native de Yaoundé s’est imposée depuis un bail comme un phénomène du côté de Noisy-le-Grand. Dans la banlieue parisienne, Nina Kanto tape à la porte des équipes de France jeunes, où elles côtoiera Linda Pradel et Paule Baudouin. Et puis, surtout, elle convainc l’entraîneur messin Bertrand François de tout mettre en œuvre pour la faire venir en Moselle. Force est de constater qu’il ne s’est pas trompé.
D’abord discrète quand elle débarque sur la pointe des pieds dans un groupe où elle côtoie son idole Leïla Lejeune et des références comme Isabelle Wendling ou Nodjalem Myaro, la jeune Nina Kanto montre assez vite que ses qualités de combattante peuvent faire merveille dans une équipe qui lutte alors face à Besançon au début des années 2000. C’est d’ailleurs contre Besançon et Valérie Nicolas que l’insouciante franco-camerounaise plantera un but incroyable de la base arrière pour permettre à Metz Handball de filer vers le titre de champion de France 2002. Le premier d’une série de dix titres de championne de France (peut-être onze samedi soir) pour celle qui prendra ensuite le brassard de capitaine à la retraite d’Isabelle Wendling.
Nina Kanto est de l’aventure incroyable de l’après « été 2005 ». Elle est du fantastique parcours européen de 2012/2013 (finale de Coupe EHF) et elle a logiquement compté au sein du collectif de l’équipe de France lors de ces quatorze dernières années. Par terre, sur des rotules qui ne répondaient plus lors des derniers mois, après une grossesse ou en déséquilibre aux abords de la zone, la lionne a toujours su s’imposer comme un élément clef des dispositifs de Bertrand François, Sandor Rac, Sébastien Gardillou, Jérémy Roussel ou Emmanuel Mayonnade. A Metz, la renommée de Nina Kanto dépasse le simple cadre du handball.
Si ses éclats de rire risquent fort de résonner encore dans les Arènes de Metz, sa combativité, son abnégation et sa science de la défense laisseront une empreinte indélébile dans l’histoire d’un club qu’elle n’aura jamais quitté. Samedi soir, les Arènes s’apprêtent à vibrer pour le vingtième titre de champion de France de son équipe préférée. S’il arrive, Nina Kanto en aura remporté plus de la moitié. Une autre preuve, statistique cette fois, pour poser encore plus le poids de la numéro 4 dans la légende de Metz Handball. Nina Kanto portera le brassard de capitaine et le maillot de Metz Handball pour la dernière fois ce samedi. Tu vas nous manquer la lionne. Merci pour ton courage, tes buts, ton charisme et ton sourire. Merci pour tout.
Rémi Alezine
Photo : WeeMove