A une dizaine de jours de la reprise du championnat, Thierry Weizman se livre dans un long entretien. Dans le premier volet d’une interview diffusée en deux parties, le président évoque les succès de son club et il évoque déjà les contours de son équipe pour la saison prochaine.
Thierry Weizman, cette équipe de Metz Handball version 2017-2018, est-ce la plus forte de l’histoire du club ?
Je pense incontestablement que c’est une des plus belles équipes de l’histoire du club. Je ne suis pas loin de penser, et Olivier Krumbholz l’a aussi dit dans la presse, que c’est même la meilleure. D’abord c’est le meilleur groupe que j’ai connu. Vraiment. C’est un groupe extraordinaire, serein et confiant.
Et sur le plan sportif, il envoie…
Quand je regarde dans le détail, je me dis qu’on a la meilleure aile gauche au monde grâce à Manon Houette, la meilleure aile droite avec Ailly Luciano, on a la paire de pivots de l’équipe de France… on a des arrières qui font partie des plus grandes spécialistes de leur poste au monde et puis quand on voit le niveau qu’a atteint Grâce Zaadi… La façon qu’elle a de mettre en valeur ses coéquipières et la vision du jeu qu’elle possède et que je ne retrouve dans aucune autre joueuse à part peut-être chez Lekic ou Gullden. Et puis on a l’arme fatale.
C’est quoi ça, l’arme fatale ?
L’arme fatale, c’est Manu Mayonnade. Je ne lui trouve aucun défaut sauf peut-être quand il me bat en tennis. Il est travailleur, intelligent, passionné… Il est rare que je n’intervienne pas dans la saison auprès du groupe mais là c’est le cas. Et nous possédons une deuxième arme fatale avec notre centre de formation.
Dans votre esprit, vous pouvez déjà dessiner les contours pour la saison prochaine ?
On connaît les joueuses qui seront de façon certaine à Metz la saison prochaine. Manon Houette, Laura Glauser, Ailly Luciano, Laura Flippes, Méline Nocandy, Orlane Kanor ou encore Marie-Hélène Sajka qui a prolongé mais qui pourrait être prêtée. Après, il y a un certain nombre d’incertitudes comme Marion Maubon. On doit rediscuter ensemble début janvier. Soit elle reste au club soit, éventuellement, Laura Kanor doublera Manon Houette sur l’aile gauche. Au poste de pivot j’ai fait une proposition à Béatrice Edwige et je pense qu’on va bientôt se revoir. Pareil avec Laurisa Landre.
Sauf que là vous n’avez pas encore parlé de la base arrière…
A l’arrière, autant je pensais qu’il serait compliqué de conserver Ana Gros l’année dernière, autant cette saison je sens qu’Ana est un peu moins tentée par l’étranger. En fait, elle a eu une belle proposition de prolongation de contrat avant de partir au Mondial et j’ai de bons espoirs. Concernant Xénia Smits, c’est exactement le même cas de figure. On souhaite aussi garder Marina Rajcic et une proposition lui a également été présentée.
On imagine que Grâce Zaadi a changé de dimension après ses prestations en Coupe d’Europe et Mondial magnifique. Restera-t-elle à Metz ?
Grâce est attachée à Metz et elle m’a dit que la proposition que je lui ai faite lui convenait mais qu’il fallait juste effectuer quelques réglages. Je n’envisage pas du tout le départ de notre capitaine qui a atteint une nouvelle dimension. En réalité, je pense que les filles ont toutes envie de rester et qu’elles attendent qu’une des joueuses majeures se détermine pour donner des réponses positives.
Pour garder des joueuses comme Grâce Zaadi, Ana Gros ou Xénia Smits, faut-il consentir à d’énormes efforts financiers ?
Ce n’est pas un sacrifice financier. Je pense que compte tenu de l’évolution de leurs performances et même sans tenir compte du Mondial, j’avais déjà fait des offres supérieures à celles des années précédentes car je pense que c’était justifié et que c’était une forme de respect de ne pas attendre qu’elles fassent des exploits ou pas lors des Championnats du Monde.
Vous aimez faire appel au centre de formation. Pour autant, vous avez choisi de recruter une gardienne pour seconder Marina Rajcic. N’est-ce pas un désaveu vis-à-vis des deux jeunes qui ont assuré un bel intérim ?
Elles ont largement fait ce qu’elles avaient à faire. Mais, de l’avis de leur entraîneur, elles ont un niveau de D2. Imaginons que Marina prenne un ballon dans la figure avec un décollement de rétine et qu’on se retrouve avec les deux gamines pour finir la saison… ce serait de l’inconscience et ce serait impardonnable de gâcher la saison parce qu’on n’a pas fait l’effort de chercher une autre gardienne. Là c’est idéal car Kyra Csapo a déjà un engagement pour la saison prochaine et elle ne met donc pas le doute dans la tête de Laura ou Marina pour une quelconque concurrence supplémentaire.
L’équipe sera renforcée la saison prochaine ?
Bien évidemment cette équipe sera renforcée. Manu et moi, nous n’avons pas changé d’avis et nous pensons toujours que ce collectif a besoin d’une rotation de plus sur la base arrière. Au poste de pivot, on souhaite aussi apporter un peu de nouveauté pour la succession éventuelle de nos joueuses actuelles.
Ne manque-t-il pas une joueuse sur la base arrière cette saison ? On se dit que si Xénia Smits, Grace Zaadi ou Ana Gros se blesse…
Je pense depuis le début qu’il fallait une joueuse de plus. Je regrette toujours l’échec des négociations avec Karolina Kud?acz même si elle a un rayonnement inférieur à ce qu’on pensait à Bietigheim. Je regrette aussi Iveta Luzumova à qui on avait aussi fait des propositions ou Gnonsiane Niombla à qui il restait un an de contrat dans son club. Toutefois, mes regrets sont un peu pondérés par l’évolution rapide d’Orlane Kanor que je n’attendais pas à ce niveau-là. Après tout, elle est arrière gauche de l’équipe de France et elle constitue mieux qu’une doublure.
Pourquoi les négociations ont échoué avec Kud?acz ?
Elle avait dit oui mais elle a choisi d’élever son bébé en Allemagne. Luzumova avait envie de lever le pied et elle ne voulait pas évoluer dans un club avec autant de pression. Enfin, d’autres joueuses n’ont pas accepté, certainement pour des raisons financières. Pour l’année prochaine j’ai en tout cas vraiment envie qu’on puisse avoir cette joueuse de plus avant même la fin de cette saison.
Peut-on rêver d’attirer une star au club ?
On peut rêver d’avoir une star du handball si elle se mêle à toutes nos autres stars. C’est-à-dire que je ne veux pas d’une tête qui dépasse. En ce moment je peux vous dire qu’on a une star à chaque poste. Alors oui on pourrait en avoir une de plus.
Elle ressemblera à quoi la future recrue de Metz Handball ?
On va recruter une joueuse de très haut niveau. Moi j’aime bien les joueuses françaises. Je ne suis pas le seul. Les joueuses comme Pineau, Niombla, Nze-Minko, ce sont des joueuses auxquelles on s’intéresse en permanence mais beaucoup de paramètres interviennent. Et sinon on se dirigera vers des grandes joueuses étrangères.
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : WeeMove