Cinq jours après le lourd revers de Metz Handball en quart de finale aller de Ligue des Champions, Thierry Weizman fait le point. Il revient sur une semaine très compliquée avant le déplacement à Bucarest et il évoque le match retour programmé ce dimanche aux Arènes.
Thierry Weizman, avant d’évoquer cette défaite contre le CSM Bucarest il convient de parler de cette folle semaine avec trois matchs à l’extérieur en six jours… Commençons par le dernier match de saison régulière remporté par Metz Handball à Nantes (23-30)….
On ne peut pas parler de cette défaite en Roumanie sans revenir sur cette semaine. A Nantes ? Le staff avait choisi de faire tourner l’effectif. Des joueuses comme Grâce Zaadi ou Xénia Smits n’ont joué que vingt minutes alors que Marion Maubon ou Méline Nocandy ont disputé une grande partie de la rencontre.
A Brest le mardi, le club ne pouvait-il pas faire la même chose à trois jours d’un quart de finale de Ligue des Champions ?
Tout le monde avait envie de disputer la finale de la Coupe de France à Bercy ! Il était hors de question de priver les joueuses et le staff d’une telle opportunité et puis je ne voulais pas subir la foudre des autres clubs qui auraient pu nous reprocher de bafouer les valeurs du sport ! De plus, je vais quand même vous rappeler que sans une prestation extraordinaire de Cléopâtre Darleux, nous aurions gagné cette demi-finale. Si elle fait 24 arrêts au lieu de 25, Metz Handball va à Bercy.
On revient sur le périple improbable de l’équipe pour aller de Brest à Bucarest ?
On peut parler d’un concours de circonstances infernal. La grève de la SNCF et la grève d’Air France ont poussé les filles, en six jours, à parcourir 7 000 kilomètres, à passer 25 heures dans les autobus et à attendre près de 15 heures dans les aéroports. Vous admettrez qu’il y a mieux pour préparer un match fondamental.
Concrètement, que s’est-il passé ?
Déjà, notre trajet de train entre Brest et Paris a été annulé. Donc nous avons dû faire venir un bus de Metz afin d’effectuer un trajet de nuit jusqu’à la capitale. Une fois à Paris, notre vol pour Bucarest a été retardé de plusieurs heures. Le tout avant d’affronter le champion d’Europe 2016 qui préparait ce quart de finale depuis deux semaines.
Il est vrai qu’on a vite senti le collectif de Metz Handball très éreinté sur ce match (défaite 34-21)…
C’est peu de le dire ! Les joueuses n’ont eu que deux entraînements afin de préparer ce match et récupérer en même temps. Je me dis que c’est dommage car nous avons fait jeu égal avec Bucarest pendant 25 minutes.
La principale cause de ce gros revers c’est la fatigue ?
La fatigue, les aléas du voyage, la différence de budget, le banc… Quand ils font rentrer des joueuses de l’expérience et de la maturité de Camille Ayglon-Saurina ou Gnonsiane Niombla, nous alignons Marie-Hélène Sajka, Méline Nocandy ou Orlane Kanor. Elles sont pétries de talent mais elles ne possèdent pas le même vécu international. C’est pareil concernant les gardiennes.
Metz Handball n’aurait-il pas pu mieux faire ?
Compte tenu des circonstances et des aléas, il était difficile de faire mieux, je comprends la mauvaise performance de l’équipe et je suis avant tout déçu pour les joueuses. Je sais qu’elles donnent toujours le maximum même quand les éléments semblent s’acharner contre elles.
Quand même, cet écart de treize buts, il n’est pas digne de la saison de Metz Handball…
Metz Handball a été particulièrement maladroit sur ce match. Toute l’équipe a fait naufrage en même temps. Mais ajoutez trois immanquables qu’on rate à six mètres, quelques parades à nos gardiennes, changez quelques décisions arbitrales défavorables… et vous réduisez l’écart de dix buts. Et puis j’ai parlé à des joueuses de Bucarest après le match, elles m’ont concédé avoir réalisé le match parfait. Ajoutons à cela que pour certaines joueuses comme Aygon-Saurina, Niombla ou Gullden, il s’agissait du dernier match à domicile. Donc elles avaient à cœur d’être brillantes…
Qu’espérer du match retour programmé dimanche aux Arènes ?
Metz Handball va montrer un autre visage et doit absolument remporter ce match. Je crois en la valeur du travail et vu comme les filles ont bossé cette semaine et cette saison, je sens que Metz Handball gagnera dimanche.
Ce problème de calendrier, ne risque-t-il pas de se poser chaque saison ?
J’ai fait une proposition à la fédération. J’ai demandé qu’à cette période, certains clubs français soient protégés avec l’assurance de jouer une éventuelle demi-finale de Coupe de France dans leur salle. Je veux parler des clubs encore engagé dans les différentes coupes d’Europe. Mais bon, je comprends qu’un club qui doit recevoir Metz Handball ne soit pas d’accord…
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : WeeMove