Presque invincible depuis qu’il a pris l’équipe de Metz Handball en décembre 2015, Manu Mayonnade vit actuellement sa seconde préparation d’avant-saison. L’entraîneur du club mosellan se livre sur la reprise et la saison à venir dans un long entretien.
Manu, après un an et demi à Metz, tu te sens comme un vrai messin ?
Je me suis senti messin assez vite. Mon arrivée au mois de décembre 2015, en cours de saison, avait été facilitée par l’accueil de toutes et de tous donc j’avais assez vite fait le deuil de ma région. Je m’étais projeté assez rapidement dans cette nouvelle aventure donc aujourd’hui je me considère non pas comme un vrai messin mais comme un néo-messin plein d’ambitions pour l’année à venir.
Actuellement, tu mènes ta seconde préparation d’avant-saison. Est-ce plus facile ?
La préparation avait été particulière l’année dernière car nous avions récupéré toutes les filles extrêmement tard à cause des Jeux Olympiques. Concrètement, elles n’avaient pas du tout fait de préparation physique avec nous. Là, on a quasiment tout le monde sauf Méline Nocandy qui dispute une compétition de jeunes. L’idée pour ce début de préparation, c’est de manier le ballon le plus vite possible. Je veux dire par là que l’essentiel est de courir balle en main et d’entretenir notre état de forme à travers le handball. En tout cas au début.
On retrouve avec toi un nouveau préparateur physique, Pierre Chenu, avec lequel tu avais déjà travaillé à Mios…
C’est un vrai concours de circonstances qui nous amène à travailler de nouveau ensemble. On avait bossé un an ensemble à Mios et ça s’était plutôt bien passé. On était à la recherche d’un préparateur physique assez tardivement et Pierre a dû quitter Celles-sur-Belle car l’entraîneur de l’équipe est parti à Chambray-les-Tours et que le staff a été modifié. Donc il était disponible et il a d’ailleurs écourté ses vacances histoire de planifier la prépa avec moi. Bon, tout ça s’est fait un peu dans l’urgence mais on a su tous les deux se mettre une grosse charge de travail la semaine avant la reprise.
Les résultats assez incroyables du club la saison dernière te donnent-ils plus de pression ?
Il ne faut surtout pas s’en vouloir d’avoir gagné plein de choses la saison dernière au risque de faire moins bien l’année suivante. Je préfère vivre en optimiste et me tromper plutôt que vivre en pessimiste pour être sûr d’avoir raison.
Tu peux répéter ?
On a envie d’ambitionner plein de choses quitte à se tromper à la fin et passer pour des cons car on a raté un objectif. Tu vois l’idée ? Il va falloir bosser encore et toujours car les autres clubs aspirent à plein de belles choses également. J’imagine que le président fixera au minimum le même parcours que l’année dernière.
Le président, il estime que le groupe de Metz Handball est dans les cordes du club. Es-tu d’accord ?
Ce que je pense de ce groupe de Ligue des Champions, c’est qu’il est plus homogène que la saison passée. Le Buducnost me semble moins fort qu’il y a un an mais cette équipe a déjà montré qu’elle se révèle très forte quand on la pense diminuée. Après, le qualifié de cette saison sera meilleur que celui de l’an passée. Si les norvégiennes de Vipers Kristiansand passent, je pense que les matchs seront plus compliqués que face à Gassverket, au même titre que je pense Bietigheim meilleur que le Thüringer de la saison passée. Je pense vraiment qu’il y aura du danger partout et que tout le monde pourra accrocher tout le monde.
L’effectif pro a peu changé par rapport à la saison dernière. Est-ce un bel avantage par rapport aux autres équipes ?
C’est toujours sympathique. Après, il ne faut pas se reposer sur nos acquis et veiller à travailler au moins autant que les autres et, dans ce cas, on aura un petit temps d’avance. Mais bon, on a tout de même changé un pivot en sachant que la relation entre les joueuses de la base arrière et Sladjana constituait un vrai point fort de notre collectif. Il faudra qu’on arrive à fluidifier ça assez rapidement.
T’attends-tu à un renfort ?
On en parle souvent avec le président et on avait une belle opportunité avec Karolina Kud?acz-Gloc mais elle s’est engagée avec Bietigheim. Tout était presque fait et c’est le « presque » qui fait la différence… Aujourd’hui force est de constater que le marché s’est refermé. On nous a peut-être proposé 150 joueuses mais il n’y en a pas une qui pourrait jouer à Metz. Prendre quelqu’un pour prendre quelqu’un n’aurait aucun intérêt. Si nous prenons quelqu’un, c’est avec la certitude de bonifier notre collectif.
Le groupe actuel peut-il jouer sur tous les tableaux ?
On fera les comptes à la fin. Aujourd’hui je le pense.
Comment motiver des joueuses qui ont effectué une saison exceptionnelle l’année dernière ?
L’idée c’est d’essayer de les stimuler différemment. On va mettre des choses en place pour les garder sous pression en permanence. Mais tu as raison, c’est un vrai danger. Cette équipe s’est fixée un degré d’exigence très important avec les résultats de la saison dernière et il faut créer des conditions nouvelles pour refaire quelque chose d’extraordinaire.
A Metz, tu sais mieux que quiconque que la défaite semble interdite. Tu t’es fait à cette pression ?
Ce que les gens ne veulent pas entendre c’est qu’à Mios, je jouais aussi tous les matchs avec l’objectif de les gagner. Le degré de réussite était moindre mais la dose d’exigences que j’y mettais était la même. J’ai compris qu’ici, il fallait gagner, gagner de beaucoup, et en faisant jouer tout le monde. Des fois c’est incompatible mais à moi de créer les conditions les plus optimales dans la semaine pour ne rien avoir à regretter le week-end.
Propos recueillis par Rémi Alezine
Photo : R.A